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Pascale Labelle se déplace continuellement entre les chaises, discourant passionnément sur son travail d’artiste peintre, fonçant vers un tableau, puis un autre, pour souligner un détail. La parole est abondante, autant que la matière qui s’est figée sur la surface peinte. Puis elle s’excuse presque d’en dire autant. Sur sa peinture comme sur elle-même.

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L’artiste Lavalloise y présente une dizaine de tableaux de grand format au Centre d’art La petite église, à Saint-Eustache, dans le cadre d’une exposition intitulée Mon show, ma cathédrale, une illustration, dira-t-elle, de son égo démesuré, de son assurance artistique, et à la fois de son espace intérieur aussi vaste que les doutes et les peurs qui l’habitent. «La petite église représente ma grande cathédrale, mon intérieur immense, infini, mon âme, ma spiritualité, ma demeure, mon chez-moi, ma divine cathédrale. Elle est magnifique!» , écrit-elle.

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Les tableaux qu’elle propose résultent d’abord d’une sorte de corps à corps boulimique avec la toile, sur laquelle elle répand la peinture directement de son contenant ou en la faisant gicler avec d’énormes cuillers, une matière qu’elle travaille par la suite avec une spatule à ciment. «J’en mets beaucoup. Il n’y en a jamais assez. J’en veux épais, je veux que ça coule. Donnez-moi 10 000 $ d’acrylique et je vais vous faire une toile» , s’exclame l’artiste, qui accomplit cette partie de l’exercice avec des écouteurs sur les oreilles, ce qui explique les titres à saveur musicale de ses tableaux.

Toujours, le «pur senti» l’emporte sur l’expression. Toujours, une fois que la surface est recouverte de ces généreux déversements de couleur pure, l’artiste se laisse aller à la contemplation, jusqu’à percevoir les traits d’un visage dont elle suggèrera discrètement l’essentiel des contours avec de la peinture blanche.

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«J’ai gagné en assurance, depuis, dit-elle. Je travaille mieux mes fonds. Le visage est très présent pour moi, mais plus discret. Les gens ne le voient presque plus. Il pourrait être plus sexué, plus concret, plus commercial, mais ça ne serait plus moi. La relation que j’ai avec ma toile, c’est une relation que j’ai avec moi-même. Parfois je lui résiste, mais quand j’accepte ce que ma toile me dit, j’entre dans un état de liberté et de bien-être.»

À ce moment-là, quand elle s’avance vers la toile pinceau à la main, pour y apposer délicatement la couleur blanche, la relation gagne en intensité. «C’est très émotif, c’est de la peine, c’est de l’humilité, c’est de l’amour. Cette petite ligne blanche devient la chose la chose la plus importante de ma vie, même si ça peut sembler ridicule» , exprime Pascale Labelle, qui ajoute avoir assez de détachement avec ses toiles pour les trouver extraordinaires, puisqu’elle estime que ce qui les a inspirées vient d’ailleurs et qu’elle aura été une sorte de canal entre cette énergie créatrice et l’œuvre qui en découle.

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Cette histoire, en fait, se répète chaque jour depuis 2009, alors que Pascale Labelle, qui méditait en s’esquintant sur son vélo stationnaire (eh oui!) a entendu sa voix intérieure qui l’intimait de se mettre à la peinture, chose qu’elle n’avait jamais faite. Après un essai raté (elle voulait faire un tableau à la Corno) qu’elle avait tenté de faire disparaître en frottant sa toile avec un torchon, elle avait vu émerger, sur ce fond devenu quasi monochrome (et toujours à la faveur d’une séance de cyclo-méditation), ce visage qui serait désormais une sorte de signature.

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Artiste autodidacte, Pascale Labelle expose son travail depuis 2012. Mon show, ma cathédrale est son troisième solo. En plus de ses tableaux, elle y présente des réflexions écrites sur la vie comme sur elle-même, qui accompagnent les œuvres non pas pour nous aider à les comprendre individuellement, mais pour nous faire mieux connaître celle qui les peint.

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À noter que pour chaque tableau vendu (l’exposition dure deux mois), une portion de 20 % de l’argent recueilli sera versée à l’organisme eustachois Accueil communautaire jeunesse des Basses-Laurentides, qui a pour mission «de soutenir la jeunesse, les familles en situation de vie difficile et les personnes itinérantes ou à risque de le devenir de tous âges» .

Le Centre d’art La petite église est situé 271, rue Saint-Eustache, Saint-Eustache.

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CLAUDE DESJARDINS, journaliste; L'ÉVEIL, 6 mars 2018

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